PERISCOPE 33 : La justice immanente sortira des urnes

Publié le par taphys.over-blog.com

Par Moustapha Sarr Diagne


Y’a pas à dire ! Wade est un roc. Nullement ébranlé par la signature de la résolution du M 23 dans la matinée,  le Président de la République, qui se veut sortant à tous les coups, a pris le chemin de son bureau politique, hier, en début de soirée.  En séance, il met au pas ses troupes, anticipe sur la nomination d’un Premier ministre pour la période post-élection et annonce un congrès d’investiture pour le mois à venir. C’est la réponse du berger à la bergère !

 

Peut-être par la faute de leurs tergiversations, de leurs interminables conciliabules, les libéraux ont pris une considérable avance sur leurs adversaires sur le terrain politique. Il est à parier que leur congrès d’investiture ne sera en rien pareil à celui du seul candidat de l’opposition qui est vraiment en piste et dont le congrès ressemblait plus à un one women show ajusté pour sa nouvelle coqueluche qui est sa directrice de campagne. Tous les autres candidats de cette opposition dite significative sont là, « à piler de l’eau » avec la bienveillante bénédiction d’un Amadou Makhtar Mbow, ressorti de sa retraite pour faire filer droit aux socialistes qui veulent mettre du sable dans le couscous de Benoo.  Le congrès d’investiture des libéraux ne s’apparentera en rien à celui soporifique du Parti socialiste, le seul au monde qui fonctionne aujourd’hui au centralisme démocratique, et qui a mis en selle Ousmane Tanor Dieng. Ce ne sera pas aussi celui des progressistes intronisant Moustapha Niasse, tenu en catimini et dont la seule fonction était d’établir une équivalence formelle avec leurs  rivaux socialistes. Question mobilisation, les libéraux savent s’y faire. Ils ont acquis leur expertise bien avant leur accession au pouvoir. Aujourd’hui, avec tous les moyens dont ils disposent par la vassalisation de l’administration et la capture de ses ressources essentielles, ils sont ont de quoi faire mal. L’opposition n’aura qu’à bien se tenir et rester sourde et aveugle ce jour-là. Parce que Wade et ses troupes vont leur faire en voir de toutes les couleurs.

 

Mais s’ils ont engrangé des points dans la pénétration du terrain, les libéraux et leurs alliés sont considérablement en retard dans la bataille de l’opinion. Dans le débat politique et intellectuel, ils sont frappés d’une sorte de frilosité, voire d’impossibilité à prendre en charge de façon performative la question de l’irrecevabilité de la candidature de Wade. Tout leur argumentaire tourne autour du respect de la légalité des procédures et de la décision du Conseil constitutionnel. Leur meilleur défenseur  en la matière qui est l’ancien ministre de la Justice et porte-parole du Président, fait figure de piètre avocat quand il s’agit d’aborder le sujet. A sa décharge,  reconnaissons que l’infortuné avait l’impossible mission de remettre à l’endroit une imprudence verbale tenue dans l’euphorie de la victoire de 2007.  Est-ce pour cette raison que le directeur de campagne a fait appel à la rescousse à un quatuor de juristes ? Probablement ! On verra bien ce que Serigne Diop, Jacques Mariel Nzouankeu, Kader Boye et Kanté vont nous servir pour reconstruire le plaidoyer en faveur de Wade. Il est prévisible qu’il leur faudra proférer une parole à la pertinence presque divine pour convaincre une opinion déjà fortement travaillée au corps par une kyrielle de constitutionnalistes. D’eux, on attend un discours magique pour pouvoir renverser la tendance d’une opinion rivée à la conviction que Wade ne peut se présenter à la prochaine présidentielle.  

 

Wade se contentera-t-il de vaincre sans avoir raison ? Ce serait trop facile et trop injuste ! Et cela n’est pas permis en bonne démocratie. Si on laisse aux juristes les effets de manches et la rhétorique, s’il n’appartient qu’au Conseil constitutionnel de dire le droit positif qui servira de soubassement à la tenue des élections, les citoyens auront toutefois le dernier mot dans l’affaire. Ce que peuple veut, Dieu le veut ! C’est ainsi que pensaient les fondateurs du système démocratique. En tout état de cause, il y aura une justice immanente qui sortira des urnes.

   

 


 

Publié dans Politique

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