PERISCOPE 68 : Les appétits de Youssou Ndour

Publié le par taphys.over-blog.com

Par Moustapha Sarr Diagne

 

Il avait promis de prendre rendez-vous avec les Sénégalais. Youssou Ndour a pris date ce 2 janvier par une déclaration de candidature à la présidentielle. Il fallait s'y attendre. L'appétit vient en mangeant. Et depuis le succès enregistré par la pétition pour la création de sa télévision, on savait que Youssou Ndour commençait à voir grand. Près d'un million de signatures paraphées sur cette liste, voilà de quoi creuser l'appétit.

 

Pour lui, l'équation est fort simple. Il s'agit en fait de transformer l'essai, de trouver la formule magique pour convertir en bulletins dans l'urne les signatures apposées sur cette pétition, de matérialiser une popularité acquise dans la musique et de transposer en politique un succès acquis dans les affaires. Au jeu, Youssou Ndour a fréquemment la main heureuse. La plupart de ses entreprises sont souvent des réussites. Cette baraka, l'enfant de la Médina compte l'importer en politique. Le pari est parfaitement jouable.

 

La désaffection qui frappe aujourd'hui les partis politiques traditionnels joue en sa faveur. Youssou est un candidat de type nouveau qui ne manquera pas de séduire ceux qui en ont ras-le-bol des pratiques politiciennes classiques avec leurs travers que sont les détournements d'objectifs, les promesses non tenues et la patrimonialisation de l’État. Il va surfer sur la crête de la vague du mouvement citoyen qui est en train de modifier profondément la texture sociale du pays. C'est donc que les vents lui sont favorables. Jamais il ne retrouvera une une telle conjonction de facteurs bénéfiques. Le pays est en mutation et il épouse parfaitement les ondulations du mouvement de la transformation sociale.

 

Youssou Ndour est aussi le candidat le mieux outillé à part le Président sortant qui dispose de l'appareil d’État. Il a rusé, parfois courbé l'échine, souvent esquivé les coups juste pour avoir une télévision, une radio et un journal qui lui seront d'une utilité certaine dans sa campagne. Avait-il dans le secret d'une intimité minutieusement préparé son coup ? Certainement pas ! On peut dire que c'est en posant les pièces du puzzle que l'image s'est formée à ses yeux.

 

La catalogue des conditions favorables étant esquissé, faut maintenant voir comment Youssou Ndour va évoluer dans ses nouveaux habits. Primo, Youssou est conscient, même si il a nagé dans les eaux du showbizness où il y a plein de requins, que la politique est une mare à crocodiles. On s'y aventure pas à découvert. Youssou Ndour doit alors aller chercher une armure parce que les coups vont bientôt pleuvoir sur lui. Et là ce ne sera du gâteau pour lui.

 

Deuxio, le programme que Youssou Ndour a présenté aux Sénégalais n'est en rien original. C'est une litanie de redites. Quelques recettes puisées çà et là dans les programmes des Nations Unies agrémentées d'expressions qui fleurent bon la démagogie. Youssou Ndour doit affiner son approche des choses politiques. Dans le discours, on sent nettement les carences de l'homme. Si la présidentielle est une rencontre entre un homme et un peuple, elle ne s'épuise pas dans ce rapport fort subjectif. Il faut donner du grain à moudre pour qu'il puisse voter pour vous. Sur cela, Youssou a du chemin à faire. Rien ne sert d'ouvrir l'appétit du peuple sans lui donner de quoi se mettre sous la dent. Il y a chez Youssou un déficit de profondeur à combler sinon cette candidature ne sera qu'un tonneau vide qui tout simplement fera beaucoup de bruit pour rien.

 

 

Publié dans Politique

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