PERRISCOPE 67 : L'obsession du 23 juin dans le discours présidentiel

Publié le par taphys.over-blog.com

Par Moustapha Sarr Diagne

 

Ceux qui rêvaient de voir le Président Abdoulaye Wade annoncer dans son discours de fin d'année sa décision de ne pas se présenter à la prochaine présidentielle ont été déçus. Un matraquage médiatique avait été orchestré autour de ce discours surtout par la presse et par quelques opposants qui espéraient que la nouvelle année serait la bonne opportunité pour le président de la République de faire sa sortie de route. Le temps, ce grand pont dont Wade a parlé nous a fait passer d'une année à l'autre sans que la donne n'en soit modifiée.

 

Tout cela relevait de la naïveté d'un journalisme politique en vigueur dans ce pays dont le détachement par rapport aux enjeux reste à prouver. Au résultat, il faut reconnaître que la pression mise sur le chef de l’État a été sans effet. Ou plutôt sans l'effet escompté. Elle a été, cette pression, plutôt contre productive. Car à la place d'une annonce de retrait, nous avons eu droit à un discours aux relents très guerriers du Président Wade. On pensait qu'il allait évoquer l'Affaire Barthélémy Diaz. Abdoulaye Wade l'a superbement ignorée, la reléguant, ainsi de fait, au rang d'épiphénomène comme disait le ministre de l'Intérieur Ousmane Ngom.

 

La dernière partie de son texte a plutôt été consacrée aux ambassades organisées par la société civile dans les capitales étrangères pour porter le plaidoyer de la non recevabilité de sa candidature. L'allusion était très claire. Wade parlait de Alioune Tine et de ses amis. Le dessein du propos est double. Il s'agit à la fois d'un avertissement à l'endroit du M 23 et de ses têtes pensantes et d'une adresse à l'attention des capitales occidentales qui ont reçu ses ambassades un peu particulières.

 

L'enseignement qu'il faut en tirer est que, dans la perspective de la prochaine présidentielle, le Président Wade ne craint nullement l'opposition traditionnelle formée par les partis politiques. Dans son viseur, l'ennemi le plus redoutable est constituée par ce vaste mouvement de la société civile dont les contours dont les contours et la profondeur de l'ancrage dans dans le ferment de la société restent à encore à définir. L'obsession du 23 juin a habité ce discours. Elle lui a donné sa trame.

 

Qu'est-ce à dire ? Que le Président Wade a effectivement très bien compris le message qui lui a été adressé ce jour-là. Il sait que ses adversaires les plus coriaces ne se recrutent pas dans les partis politiques d'opposition mais dans ce mouvement diffus de contestation de sa légitimité. La véritable opposition au régime de Wade n'est donc pas encartée dans les partis. Elle est dans la rue publique, dans une sorte de nébuleuse dont il a raison de craindre les sautes d'humeur.

 

Quelle conséquence faut-il en tirer ? La première, c'est que la société civile, au sens où l'on définit cette masse informe de la population qui a pris conscience de ce qu'il est devenu objectif de nommer le pouvoir citoyen, sera un acteur majeur dans le processus politique dans le futur immédiat. Le vote citoyen fera la différence au soir du 26 février. Il sera déterminant.

 

Seconde conséquence : on est en train de vivre le terme d'une séquence politique dominée par le jeu des partis traditionnels. Ils devraient soit subir des mutations profondes pour se mettre au diapason d'une réalité sociale sensiblement modifiée par l'émergence de la conscience citoyenne au risque de se voir congédier de la scène. A ce titre, il est déjà loisible de prédire qu'au soir du 26 février, plus rien se sera comme avant quels que soient ceux qui seront en tête du scrutin. A bon entendeur, salut !

Publié dans Politique

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<br /> Voir mon blog(fermaton.over-blog.com),No-6. THÉORÈME DE LA CHUTE. - OBSÉDÉ DU POUVOIR ??<br />
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