PERISCOPE 71 : Alternance générationnelle

Publié le par taphys.over-blog.com

Par Moustapha Sarr Diagne

C'est la nouvelle marotte des hommes politiques. L'alternance générationnelle, la notion qui était le slogan de guerre de Mamour Cissé du PSD/Jant-Bi fait aujourd'hui florès dans tous les discours. Dans son discours au congrès d'investiture, Ousmane Tanor Dieng l'avait portée se désignant comme celui qui va opérer la transition entre les générations dans la gestion des affaires de l’État. Le Président Abdoulaye Wade vient de le lui emprunter dans l'interview accordée à RFI et France 24. Il considère que sa mission pour le mandat qu'il est en train de solliciter sera de guider les pas de son dauphin vers le pouvoir. Cette subite apparition de la notion d'alternance générationnelle appelle deux constats.

 

Le premier est que ceux qui l'utilisent dans leurs propos se rendent compte d'un fait : ils sont trop vieux pour diriger un monde trop jeune. Au Président Wade, son âge n'est pas le moindre reproche qu'on lui fait. C'est d'ailleurs un argument de poids que ses adversaires brandissent souvent pour le disqualifier dans cette course à la présidence. Il faut remarquer que chaque fois que les radios et télévisions occidentales évoquent sa candidature, elles ne manquent pas souligner cet aspect trivial des choses comme si c'était une marque d'exotisme. Le fait est si constant qu'il importe de le noter.

 

De Ousmane Tanor Dieng, lui, on a souvent dit qu'il devait se déporter pour laisser émerger les jeunes loups du Parti socialiste. Non pas que Tanor soit un vieux, il est juste dans la soixantaine, ce qui ne fait pas de lui un ancêtre. Mais il est le produit d'un monde trop vieux qui rappelle des temps pas toujours heureux. Ousmane Tanor Dieng le sait bien. Il n'a jamais fait dans la nostalgie et ne prétend pas conduire une restauration. Mais de sa candidature, il restera toujours quelque chose de suranné, d'archaïque. Tanor ne déchaîne pas des passions. En lui, existe une sorte de flou, un air de démodé qui nuit à son charisme.

 

Il faut dire qu'il n'est pas le seul dans ce cas de figure. Aussi bien Moustapha Niasse, Amath Dansokho, Abdoulaye Bathily, Landing Savané, tous ces fossiles de la politique sénégalaise sont à classer dans la rubrique des reliques. Ils n'ont point l'intention de céder, une obstination qui participe à délégitimer la scène politique sénégalaises où les dinosaures veulent jouer les premiers rôles.

 

Le second constat ne concerne que le Président Wade. Il a été très mal inspiré de dire qu'il prépare l'alternance générationnelle. On lui reproche de vouloir le témoin à son fils, de conduire une « dévolution monarchique du pouvoir », et le voilà qui met de l'eau dans le moulin de ses ennemis. En bon wolof, on dirait qu'au moment où on est en train de taxer de démon, il se met à se curer les dents avec un os d'enfant. Le Président Wade a fait là une énorme erreur de communication. Idrissa Seck a parfaitement raison de lui faire remarquer que ce n'est pas son rôle de désigner qui va lui succéder. Et puis, en toute logique, on ne peut se présenter devant les électeurs en leur disant que c'est pour avoir du temps pour préparer sa succession. Ce discours frise tout simplement l'absurde.

 

Publié dans Politique

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