PERISCOPE 70 : Ne pas vendre la peau de l'ours...

Publié le par taphys.over-blog.com

Par Moustapha Sarr Diagne

Ce fut la journée des partis politiques de l'opposition. Si les journées précédentes avaient été marquées par l'onde de choc de la candidature de Youssou Ndour. Les politiciens traditionnels ont pris leur revanche hier.Avec l'investiture de Ousmane Tanor Dieng par la Coalition Benoo Ak Tanor, de Moustapha Niasse par Benoo Siggil Senegal et celle de Idrissa Seck par la Coalition Idy For President, les Sénégalais ont eu droit à une « palette polychrome » de propositions, pour parler comme le Pr. Iba Der Thiam.

 

Partout, un discours de rupture a été tenu. Ousmane Tanor Dieng a évoqué l'édification d'une nouvelle République qui ne serait point une restauration de l'ancien socialiste même s'il revendique l'héritage de ses devanciers. Idrissa Seck se réserve le droit d'inventaire sur l'héritage de l'alternance en fermant la séquence temporelle qui doit s'achever avec la présidence de Wade. Moustapha Niasse et ses partisans parlent d'une rectification pour fermer la parenthèse d'une année frustration. Une rectification de l'alternance par ceux qui, selon le bon mot de Amath Dansokho, n'ont pas été des leaders modelés dans des bureaux, ce qui ressemble à la réclamation d'un privilège de la lutte sur le terrain.

 

Si Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse ont explicitement pris l'engagement de respecter les clauses des Assises nationales, dans tous les discours transparaissait aussi en filigrane la prise en charge de cette nouvelle donne qu'est l'apparition d'une conscience citoyenne. Son signifiant est l'exigence d'une bonne gouvernance, du respect du bien public et d'un souci d'égalité de tous devant la loi et pour l'accès à l'emploi et aux services publics. Il est évident que cette partie des discours revêtait une importance particulièrement pour tous les candidats des partis politiques traditionnels.

 

Face à la concurrence qui leur aujourd'hui par les candidats indépendants, compte-tenu de l'importance de la frange de l'électorat en attente d'une nouvelle forme de gouvernance, les candidats des partis politiques ont voulu donner des gages à leur auditoire. Moustapha Niasse a poussé la résolution jusqu'à prendre la décision de ne pas se représenter pour un second mandat. Ousmane Tanor Dieng s'est présenté comme le futur édificateur de l'alternance générationnelle. Il faut reconnaître qu'en l'espace de quelques heures, le discours politique de l'opposition traditionnelle a beaucoup gagné en densité et en pertinence. Si quelques observateurs prédisent un ravalement de la puissance des partis traditionnels face aux mouvements de la société civile tels le M 23 ou Feke Ma Ci Boole, on doit à la vérité de faire remarquer le discours des partis politiques et de leur candidat est beaucoup plus structuré.

 

Bien entendu, la diversité du champ de l'opposition au régime libéral ne fait qu'enrichir son offre politique. La concurrence que vont s'y livrer les candidats indépendants et les candidats des partis traditionnels sera très âpre. Et il n'est pas dit que les premiers cités vont facilement rafler la mise. Si Youssou Ndour ou Ibrahima Fall ont les moyens de faire une percée dans ce scrutin, il faudra surveiller du coin de l’œil Idrissa Seck, Ousmane Tanor Dieng, Macky Sall ou Moustapha Niasse. En matière électorale, il ne faut jamais vendre la peau de l'ours avant l'avoir tué. La remarque vaut aussi pour l'opposition. Le pouvoir n'est pas encore à terre. Il ne suffira de se baisser pour le ramasser. Tous les candidats vont suer. Et ce n'est que justice.

 

 

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