PERISCOPE 66 : Flashes de fin d’année

Publié le par taphys.over-blog.com

Par Moustapha Sarr Diagne

La dernière chronique d’une année est toujours hybride. Elle est un mélange de genres journalistes puisque ne pouvant échapper à sa nature intrinsèque, et devant aussi nécessairement prendre la forme d’une rétrospective. La difficulté réside dans le fait de vouloir tenir en quelque six cents mots les faits saillants, les tendances lourdes et les évènements de toute une année. Pour rester dans l’exercice, cette chronique va opérer avec des flashes, moments privilégiés exprimés sous forme d’aphorismes qui seront autant de condensés de l’année écoulée.

 

Cette année fut celle de la conscience de soi de la citoyenneté. Le repérage pour le fait dominant de l’année est aisé. C’était le 23 juin, le jour où la conscience citoyenne s’est cristallisée dans un mouvement populaire inédit dans l’histoire de la république pour empêcher le Parlement d’adopter la proposition de loi émanant de l’exécutif devant changer le mode d’élection du Président de la République. Cette journée, sur laquelle on a beaucoup épilogué, a été un moment de césure, un bond qualitatif dans la montée en gamme de la conscience citoyenne. Le processus de l’émergence de cette conscience citoyenne s’était amorcée depuis fort longtemps. L’alternance fut un premier moment de prise de conscience de la force de la carte d’électeur qui est l’attribut décisif du citoyen. La trop forte personnalisation du pouvoir par le Président Abdoulaye Wade a fait le reste. En un sens, elle a été un facteur décisif dans le processus puisqu’elle a fait fini un rapport exclusif entre le citoyen et l’Etat. Les intermédiaires ont disparu ou vu leur rôle réduit à d’inutiles expressions, les interpellations ont été faites ad nominem. Elles s’adressaient directement à Abdoulaye Wade en personne par des citoyens conscients de leurs droits et de leur force.

 

La vérité sortira du prétoire. Pour deux situations particulièrement délicates, la justice a été mise en scène cette année et le sera encore pour l’année qui vient. La première est relative à la décision que le Conseil constitutionnel devra prendre concernant la validité de la candidature du Président Abdoulaye Wade à la prochaine présidentielle. La seconde concerne l’Affaire Barthélémy Dias et le meurtre d’un nervi à la mairie de Sacré-Cœur/Mermoz. Sur ces deux dossiers épineux, le mot de la fin ou le fin mot reviendra à la justice. En fait, c’est le sort de la démocratie sénégalaise qui se joue sur ces deux affaires et de l’attitude des magistrats dépendra l’avenir du pays. Jamais des juges n’ont eu autant de responsabilité dans ce pays. Du reste, ce n’est pas plus mauvais que ce soit des juges qui aient à décider du sort des politiques. C’est le fait en soi qu’il faut saluer.

 

Quand la violence politique se veut honorable. Cette année est celle de la violence politique. Elle était et a toujours été présente dans les jardins de la République. Elle est passée côté cour avec la multiplication des agressions émanant de commanditaires se trouvant dans le premier cercle du pouvoir. Cette violence politique est devenue un moyen de prendre possession de la conscience des adversaires politiques. Œil pour œil, dent pour dent dit-on dans le discours du pouvoir. Quelque opposant prenant le mot à la lettre a dégainé, tiré et, semble-t-il jusqu’à la preuve du contraire, tué. Ce qui est grave, c’est qu’aujourd’hui les meurtriers sont applaudis par la foule pour ce fait accompli, l’assassinat veut avoir des lettres de noblesse dans notre pays. C’est un cours dangereux sur lequel on devrait méditer en cette fin d’année.

 

Meilleurs vœux !  

Publié dans Politique

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